Que demanderiez-vous à un conservateur?
Qu’avez-vous toujours voulu demander à un conservateur? « Quel est l’objet le plus précieux de votre collection? » « Quel est le plus petit? » Au minimum, beaucoup de gens voudraient savoir ce que peut bien faire un conservateur. Eh bien, la réponse n’est pas évidente. En fait, il y a autant de réponses que de musées dans le monde, donc il vaudrait mieux que vous posiez votre propre question. Et le 12 septembre était l’occasion rêvée de le faire. C’était en effet la journée internationale #AskACurator sur Twitter, à laquelle tout le monde pouvait participer, à partir d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un téléphone cellulaire.
L’événement était vraiment d’envergure internationale, puisque plus de 1 500 musées y ont participé, dans pas moins d’une cinquantaine de pays. À lui seul, le Canada était représenté par plus de 160 musées. Le Musée de la Banque du Canada en faisait partie, avec aux premières loges le conservateur David Bergeron, qui répondait en direct, et le conservateur en chef Paul Berry, qui a aussi fourni quelques réponses tout au long de la journée.
Le bilan est excellent, cette année. Nous avons participé à des discussions avec les conservateurs du Musée royal de la Colombie-Britannique, du Musée des sciences et de la technologie du Canada, du Smithsonian National Museum of American History et du Musée royal de l’Ontario.
La première des questions qui nous ont été adressées est venue du musée de la Banque d’Angleterre. On voulait connaître le plus grand objet de notre collection. Ça, c’est facile, c’est notre pierre de Yap. Un bel objet de 1,9 mètre de haut, et 1800 kilogrammes, provenant de l’île de Yap, en Micronésie. C’est en quelque sorte le gardien de notre musée, puisqu’elle domine la zone de réception.
Pour relancer un peu le bal, nous avons nous-mêmes posé quelques questions, notamment dans les domaines de la monnaie et de l’art :
#AskACurator : Any museums out there have artworks featuring currency, or made of currency? 💰🖼️
— Bank of Canada Museum (@BoCMuseum) September 12, 2018
Does artwork featured on currency count? The Hall of Honour in #CentreBlock, was used as inspiration for the new 10$ bill! #AskACurator pic.twitter.com/MHDhVzvpEG
— House of Commons (@OurCommons) September 12, 2018
I hope this piece from @britishmuseum counts! A beautiful #gold and #garnet #AngloSaxon pendant set with a #solidus coin. It was found in Wilton, #Norfolk in eastern England, and dates to the early seventh century. #AskACurator pic.twitter.com/eRNeQsnw4I
— Sue Brunning (@SueBrunningBM) September 12, 2018
We've got origami pieces made from dollar bills in our collection @amhistorymuseum #artfrommoney pic.twitter.com/MNURuNLdVv
— Hillery York (@yorkh44) September 12, 2018
De fait, neuf musées ont pris part à la conversation que nous avions démarrée, dont une institution située en Inde : quasiment à l’autre bout du monde! Le Musée des sciences et de la technologie du Canada n’était pas en reste, et par la suite, nous avons engagé une discussion avec son personnel au sujet des rénovations récentes qu’ont connues nos musées respectifs. Parmi les leçons tirées chez nos collègues : « Il faut toujours laisser de l’argent dans le budget des réparations… » On est bien d’accord!
Les gazouillis ont fini par prendre toutes sortes de tangentes. Un Suédois ayant le mal du pays a demandé à voir tout objet suédois que nous avions. Nos collègues du Smithsonian ont découvert que notre collection comptait plus de 4 000 pièces de monnaie de leur pays. Et nous, nous avons découvert qu’ils en avaient plus de 1 000 du nôtre! La conversation a aussi dérivé sur les pierres de Yap, le sel et une bande de tissu de 10 mètres de long composée de plumes. Des excursions ont été proposées à Washington et à Ottawa. Quelqu’un a demandé aux conservateurs s’ils n’avaient jamais essayé d’impressionner une petite amie ou un petit ami avec leur collection. David Bergeron a indiqué : « Une fois, j’ai invité une petite amie à notre musée pour lui montrer combien d’argent je devais gérer! » Sa réponse a récolté quelques « J’aime ».
Auteur et journaliste Jack El-Hai nous a gazouillé :
Which items in your collections tell a jaw-dropping tale that too few people know about? #askacurator
— Jack El-Hai (@Jack_ElHai) September 12, 2018
From our curator David Bergeron: "Here's a counterfeit note from Edwin Johnson of Toronto. His entire family was involved in counterfeiting. In 1880, he was caught passing his own notes in a tavern. Check out the story in 'Memoirs of a Great Detective'!" #AskACurator pic.twitter.com/T5mwKs3l1q
— Bank of Canada Museum (@BoCMuseum) September 12, 2018
That banknote looks convincing to me! Thank you for the story, and I'll look up Murray's book.
— Jack El-Hai (@Jack_ElHai) September 12, 2018
Personne n’avait affirmé qu’on n’aurait que des débats pointus en muséologie, mais les différentes perspectives adoptées dans les commentaires, de même que les directions inattendues prises dans le cadre de cette journée #AskACurator, ont prouvé que les musées ont beaucoup à gagner à se parler, à échanger des anecdotes et à se faire part de leurs réussites, et en définitive, à bâtir des réseaux de savoirs. Vivement l’an prochain!
En passant, le plus petit objet de notre collection est… de la poussière.
De la poussière d’or, pour être précis.
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