L’argent et la période des Fêtes
De nos jours, si les cartes-cadeaux fleurent plutôt bon la générosité, les enveloppes d’argent ne dégagent pas toujours la même aura. Pour certains, c’est manquer un peu d’égards envers son prochain que de lui offrir des espèces sonnantes et trébuchantes. Et qui donc aime être taxé d’insensibilité (même si, tout le monde le sait, c’est l’intention qui compte)? Mais avant de remettre ce beau billet en polymère dans son portefeuille, pourquoi ne pas reconsidérer la question? Réflexion faite, l’Histoire vient à notre rescousse, car après leur difficile périple dans le désert, qu’apportèrent les trois Rois mages à l’enfant Jésus? Eh bien, Gaspar et Balthazar lui firent don d’encens et de myrrhe (équivalents, à l’époque, des sels de bain et des huiles essentielles de luxe), mais le troisième complice, Melchior, se plut à lui offrir de l’or. À l’abri du regard de Melchior, Balthazar se tourna-t-il vers Gaspar en fronçant les sourcils comme pour montrer qu’il réprouvait le choix de souligner cette naissance divine avec un tas de pièces d’or du premier siècle? Rien n’est moins sûr, car l’or et l’argent occupent depuis des centaines d’années une place extrêmement importante dans les traditions de cadeaux chez les chrétiens, les juifs et les musulmans (et c’est sans parler des origines obscures des rites païens).
Les trois Rois mages, détail d’une mosaïque de 526 après Jésus-Christ représentant Marie et Jésus entourés d’anges, Basilique de Sant’Apollinare Nuovo, Ravenne, Italie.
(Photo : Wikimedia Commons, Nina-no)
Prenons, par exemple, l’une des multiples légendes entourant saint Nicolas : seize siècles avant qu’il se métamorphose en employeur de lutins et en distributeur de jeux Xbox, le futur saint était un orphelin bien nanti devenu fervent philanthrope. Il fut bientôt pris de compassion pour une famille récemment acculée à la ruine : un veuf et ses trois filles. Le père n’ayant pas les moyens d’amasser une dot pour ses enfants, envisageait de les prostituer. Sous couvert de l’anonymat, Nicolas réussit à jeter, par une fenêtre laissée ouverte ou par la cheminée (c’est selon!), trois bourses remplies de pièces d’or pour chacune des demoiselles. Quelle que soit la méthode employée (un peu suspecte, il est vrai), l’argent atterrit dans leurs souliers qui séchaient au-dessus de la cheminée. Certes, l’histoire est un peu tirée par les cheveux, mais n’en est pas moins amusante. Fait intéressant, Nicolas ne leur a pas offert de journées de relaxation au spa ni de foulards en soie. Il s’est contenté d’une poignée de pièces. Il est vrai que l’histoire se passait au IVe siècle dans une région de l’actuelle Turquie, et qu’à l’époque, les lutins et les rennes ne se bousculaient pas au portillon.
Détail d’un panneau des Épisodes de la vie de saint Nicolas de Bari, oeuvre de Fra Angelico, 1437, Pinacothèque du Vatican, Rome.
(Photo : Wikimedia Commons, projet Yorck)
Les fêtes de fin d’année que la plupart d’entre nous célèbrent aujourd’hui sont un savant mélange de rites païens, laïcs et religieux. Chez les Polonais, les pièces que l’on cache sous l’assiette de Noël procureront l’abondance à celui qui les trouve. La richesse frappera à la porte des Ukrainiens qui repèrent des toiles d’araignée (surtout celles aux reflets dorés dans les arbres) le matin de Noël. De leur côté, les Tchèques ont pour coutume de placer des écailles de poisson sous l’assiette de Noël, ce qui est censé leur apporter le bonheur toute l’année. Chaque élément des différents scénarios de Noël est porteur d’une certaine symbolique : les conifères symbolisent la vie au coeur de l’hiver; le houx représente la couronne d’épines du Christ; la toupie de Hanoucca évoque la résistante juive à l’oppression. L’argent, en revanche, se suffit à lui-même.
La plus étrange tradition des Fêtes nous vient de Catalogne. Les Catalans, peuple du nord de l’Espagne, ajoutent une touche spéciale à leurs immenses crèches vivantes. Dans un recoin de Bethléem se cache Caganer, un petit gars accroupi qui bénit la terre de son « engrais naturel » pour assurer de bonnes récoltes, et donc attirer la richesse et la chance.
Caganer bénit la terre en offrant son « engrais naturel » pour assurer de bonnes récoltes et apporter la richesse à tous.
(Photo : Wikimedia Commons, Slastic)
Chez les Anglais, on a plus de chance de s’enrichir par la nourriture. Le pudding de Noël à l’anglaise a évolué au fil du temps : une tourte médiévale à la viande qui se conservait avec des fruits secs s’est transformée peu à peu en dessert savoureux imbibé de brandy dans lequel se cachent (ô surprise!) des pièces de monnaie. On cache celles-ci dans les plum-puddings pour apporter richesse et chance à ceux qui les trouvent. Mais attention, elles pourraient bien aussi rendre les dentistes chanceux si on ne prend pas garde! Cette tradition est encore bien vivante. Ainsi, la Monnaie royale d’Australie propose un lot sous forme de pudding et de pièces de monnaie – une série d’anciennes pièces de six et trois pence à cacher dans le pudding en question.
Au premier plan et au centre de cette représentation du fantôme du Noël présent, on retrouve un pudding bien rond; d’après la première édition d’Un conte de Noël de Charles Dickens, 1843.
(Photo : Wikimedia Commons, John Leech)
Au Musée, nous encourageons à Noël la distribution de magnifiques billets canadiens en polymère tout neufs : de véritables petites merveilles multicolores qu’il n’est malheureusement pas possible de faire cuire dans un plum-pudding… Dites-vous bien que vous ne serez pas seuls à en offrir. D’ailleurs, il est toujours difficile de trouver de la myrrhe en cette période de l’année.
Meilleurs voeux de la part du Musée de la Banque du Canada!
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