Lorsqu’est venu le moment de réfléchir au thème de notre prochaine exposition à présenter au Musée canadien de l’histoire (MCH), nous jonglions avec deux idées : la monnaie dans la colonie de la rivière Rouge (aujourd’hui le Manitoba) et la ruée vers l’or du Klondike. Comme le MCH s’apprêtait alors à présenter Ruée vers l’or! – Eldorado en Colombie-Britannique (une exposition du Royal BC Museum) cet été, nous n’avons pas discuté bien longtemps. Pour tout l’or des prospecteurs, notre troisième exposition temporaire au MCH (nous rouvrirons nos portes en 2017), traite donc de la ruée vers l’or. Il est toujours intéressant de pouvoir effectuer un lien entre nos expositions et celles de notre musée hôte.
Ruée vers l’or! montre les aspects pratiques de la prospection et de l’exploitation minière aux limites du territoire et fournit une mise en contexte pour un sujet qui est notre véritable dada : les banques et l’économie! L’économie de Dawson? On pourrait craindre une exposition d’un ennui mortel, mais détrompez-vous : c’est une incroyable histoire qui regorge des anecdotes époustouflantes et des statistiques démesurées qui caractérisent toute ruée vers l’or. Notre nouvelle exposition s’intitule Pour tout l’or des prospecteurs. Mais revenons à Ruée vers l’or!
L’interprétation de la dure réalité des prospecteurs pendant la ruée vers l’or et des technologies primitives qui y étaient utilisées pourrait alimenter à elle seule une gigantesque exposition. Heureusement, le Royal BC Museum a aussi choisi de se pencher sur les répercussions collatérales des ruées vers l’or – pour le meilleur et pour le pire. La puissante idée centrale de l’exposition est que les diverses ruées vers l’or en Colombie-Britannique ont contribué à façonner l’Ouest canadien dans la même mesure – voire davantage – que l’a fait le chemin de fer. Il y est aussi question du grand pouvoir qu’a toujours exercé l’or sur l’esprit humain et qui a permis d’ériger des économies et des nations, mais a aussi causé la dévastation de cultures et de territoires. Les histoires associées à l’or ne sont pas des plus joyeuses (ce métal fait rarement ressortir le meilleur côté des gens), mais elles sont fascinantes.
Les prospecteurs qui prenaient d’assaut les champs aurifères étaient suivis de près par une foule d’opportunistes tirant parti de la ruée vers l’or. Il fallait procéder à l’arpentage des routes, fournir des services de transport, livrer du matériel, bâtir des infrastructures, mettre en place des cadres politiques. C’est ainsi que tous les aspects d’une collectivité pleinement fonctionnelle ont soudainement été mis en place – temporairement du moins – où l’on ne trouvait auparavant que forêts et cours d’eau. Le vice, la vertu, et les taxes et impôts ne tardèrent pas à faire leur apparition en proportions inégales.
Dans les batées de prospecteurs, devant la vitrine, se trouvent les boutons qui permettent d’ouvrir les façades des maquettes.
C’est ici que Pour tout l’or des prospecteurs prend le relai. Nous avons élargi notre idée initiale (faire le récit des banques d’une lointaine ville frontalière) pour raconter aussi l’économie déjantée d’une ville-champignon dans une région reculée. Nous montrons la difficulté de vivre et de prospérer en un lieu hostile et inhospitalier où il faut parcourir des centaines de kilomètres de sentiers et de lacs, puis sillonner la rivière Yukon, pour combler la moindre nécessité. Bienvenue dans une économie reposant sur la cupidité et l’opportunisme, où des intermédiaires s’en mettent plein les poches, tandis que la grande majorité des prospecteurs courent à leur perte.
Nous avions envie d’une exposition accrocheuse et ludique, et notre concepteur a proposé une excellente idée : construire un diorama de façades d’immeubles du Klondike qu’il est possible d’ouvrir pour faire apparaître des panneaux explicatifs. C’est ce que nous avons fait. Quatre maquettes, reproduisant chacune la devanture d’un véritable immeuble de Dawson et disposées comme si elles longeaient la route, ont été construites pour accueillir nos panneaux. Il suffit d’appuyer sur un bouton pour les voir s’ouvrir. Fidèles à l’original jusque dans le grain du bois, les enseignes et les bardeaux, ces reproductions sont époustouflantes.

Il suffit d’appuyer sur un bouton pour que les moteurs cachés sous la « route » entraînent l’ouverture des façades, ce qui révèle le texte.
Devant la vitrine se trouvent divers objets datant de l’époque de la ruée vers l’or du Klondike. Des billets de banque marqués de l’inscription « Yukon » y côtoient des jetons de salles de danse, de saloons et de débits de tabac, autant d’instruments de paiement d’un lieu où la petite monnaie n’existe pas et où un balai peut valoir une once d’or. Et oui, nous avons bel et bien de l’or. Passez y jeter un coup d’œil après (ou avant) votre visite de l’exposition Ruée vers l’or! – Eldorado en Colombie-Britannique. Vous trouverez Pour tout l’or des prospecteurs au niveau inférieur, près de la collection de timbres du Canada.
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