Dans les coulisses de notre nouvelle exposition temporaire
Juin. Le splendide passage du printemps à l’été. Les douces nuits chargées d’étoiles. Le chant matinal des oiseaux. Vous vous dites peut-être : « Ah, voici venu le temps de l’année où le Musée de la Banque du Canada inaugure une nouvelle exposition temporaire au Musée canadien de l’histoire ».
Certes, vous auriez raison, mais une telle pensée serait quelque peu étrange…
Comme je l’ai indiqué dans notre billet sur l’exposition 1867 – Rébellion et Confédération, présentée au Musée canadien de l’histoire, notre prochaine exposition temporaire porte sur ce qu’on appelle les « banques fantômes ». Il n’est nullement question de surnaturel ici, mais bien des viles activités de filous qui imprimaient des billets portant le nom de banques fictives. Avant la création de la Banque du Canada, les banques canadiennes émettaient la majorité des billets et elles étaient censées conserver suffisamment de pièces d’or et d’argent dans leur chambre forte pour conférer une valeur intrinsèque à la plupart de ces coupures. Or, en 1837, l’effondrement des marchés de l’immobilier et de l’exportation américains, conjugué à une pénurie d’espèces dans les banques de l’Est, a provoqué un chaos économique des deux côtés de la frontière. Les banques ont cessé d’émettre des pièces de monnaie en échange de billets et le papier-monnaie est devenu l’instrument d’échange par excellence sur les marchés – une conjoncture idéale pour mettre en circulation de faux billets de banque, destinés à berner une population mal informée et avide d’espèces.
E.W. Clay a illustré les effets de la crise financière de 1837 sur la classe ouvrière. Le président Jackson, à qui il en impute la responsabilité, est représenté par le chapeau et les lunettes dans le ciel.
Pour illustrer le thème des banques fantômes, nous avons notamment créé plusieurs tableaux photographiques qui racontent l’histoire de l’une d’elles : la Banque d’Ottawa. En échange de pointes de pizza et d’une journée à l’extérieur du bureau, une demi-douzaine d’employés de la Banque du Canada ont accepté de revêtir des costumes d’époque et de faire revivre trois moments clés de l’histoire de cette « banque » indigne de confiance. Les photos ont été prises à Upper Canada Village, qui nous a gracieusement fourni l’accès à son site ainsi que des costumes. Le Musée Bytown nous a également prêté plusieurs habits d’époque, dont l’un allait à ravir au plus petit de nos escrocs qui, pour la première fois depuis des décennies, a eu besoin d’aide pour enfiler son pantalon, lequel comportait tout un assortiment de boutons.
Les scènes ne pouvaient pas être photographiées en une seule prise. Afin de créer une image panoramique et un fichier numérique suffisamment volumineux, l’assemblage de plusieurs photographies a été nécessaire. Pour chaque scène, le photographe prenait un cliché, faisait pivoter son appareil sur un axe horizontal, puis appuyait de nouveau sur le déclencheur, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la scène entière ait été balayée (soit de trois à six prises par tableau). Pour les besoins de la cause, les figurants devaient rester immobiles pendant de longs moments, tâche que la brise de mars qui s’infiltrait par la porte ouverte n’a pas facilitée. Un logiciel d’assemblage panoramique a plus tard été utilisé pour que les clichés s’intègrent parfaitement les uns aux autres. Des éléments d’époque, des tons sépia et, dans un cas, un mur complet de bardeaux ont été ajoutés numériquement afin d’accentuer le caractère authentique des images. Les résultats sont stupéfiants.
Ces images ont été incorporées dans une seule et même photographie « lenticulaire » qui fait presque toute la largeur de l’expovitrine et en constitue l’arrière-plan. Vous vous rappelez ces vieilles cartes postales dont l’image changeait lorsqu’on les inclinait, donnant l’impression que le chat qui y figurait poursuivait un papillon? Il s’agissait de photos lenticulaires. La différence, c’est que la nôtre mesure deux mètres et demi de long sur un mètre de haut et intègre trois images qui changent selon l’angle de vue des visiteurs. Génial, n’est-ce pas? (Sans les chatons, par contre, qui n’auraient pas su rester tranquilles.)
L’exposition, qui promet d’être fort amusante, comporte naturellement de nombreux artéfacts, dont des billets authentiques et frauduleux, des documents, une plaque d’impression, des pièces de monnaie et des jetons. Une arnaque presque parfaite! Les banques fantômes canadiennes est maintenant à l’affiche… et comporte une enseigne peinte à la main de treize pieds de long!
Musée canadien de l’histoire, niveau inférieur, près de la galerie de la collection de timbres du Canada.
Le Blogue du Musée
La sécurité, ADN des billets de banque
Par : Graham Iddon
L’impression de produits fiduciaires est l’art d’aller au-devant des menaces de contrefaçon et d’y réagir. La contrefaçon est celui de prévoir les nouveaux éléments de sécurité des billets de banque et de les contourner. Ce jeu du chat et de la souris a une incidence sur chaque aspect des billets de banque.
Enseigner l’art avec la monnaie
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De la conception au produit final, les billets de banque et les pièces de monnaie peuvent servir à explorer et à enseigner l’art, y compris les techniques et procédés artistiques.
Nouvelles acquisitions de 2022
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Nous voilà au début d’une nouvelle année, le moment idéal pour se remémorer certains objets notables que le Musée a ajoutés à la Collection nationale de monnaies en 2022. Chaque objet a quelque chose d’unique à raconter sur l’histoire monétaire et économique du Canada.
L’argent : une histoire de confiance
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Les dollars et les cents que nous utilisons tous les jours n’auraient pas de valeur sans notre confiance. Qu’il s’agisse d’or ou de bits sur un disque dur, une monnaie viable repose sur la confiance du public.
L’invasion de Winnipeg
Par : David Bergeron
Des arrestations et des fouilles étaient faites au hasard dans la rue. Des passants étaient arrêtés puis emprisonnés dans un camp d’internement. Le mark allemand a même remplacé le dollar canadien et formé la monnaie de propagande de l’opération « Si un jour... ».
Des billets de banque inspirants
Par : Krista Broeckx
Les images sur la série de billets de la Banque du Canada de 1935 représentent la riche histoire industrielle du pays.
Billets de l’armée – Financement de la guerre de 1812
Par : David Bergeron et Graham Iddon
En 1812, l’Amérique du Nord britannique ne compte aucune banque, et la perspective d’une guerre rend difficile l’accès à la monnaie. Le gouvernement du Bas-Canada prend alors la décision d’émettre des « billets de l’armée » ayant cours légal pour payer les troupes et acheter le matériel et les fournitures nécessaires.
Entre tradition et technologie
Par : Graham Iddon
Les maquettes proposées marquent un virage à cent quatre-vingts degrés dans la philosophie qui animait l’impression de produits fiduciaires à l’époque. Étant donné que les photocopieuses parvenaient facilement à reproduire les couleurs et les motifs de la série alors en circulation, la série qui la suivrait devait être audacieuse par sa simplicité.