Qu’il s’agisse d’éoliennes, de panneaux solaires ou de voitures électriques, les signes d’une économie verte sont omniprésents.
Qu’est-ce que l’économie verte?
La société devra composer avec une transition majeure pour freiner les changements climatiques et inverser la dégradation de l’environnement. Les spécialistes de l’économie verte examinent comment les économies qui reposent sur les combustibles fossiles peuvent faire cette transition. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement,
« une économie verte s’entend d’une économie à faibles émissions de carbone, efficace sur le plan des ressources et socialement inclusive. Dans une économie verte, la croissance de l’emploi et du revenu est stimulée par des investissements publics et privés ciblant les activités économiques, les infrastructures et les actifs qui permettent une réduction des émissions de carbone et de la pollution, une amélioration de l’efficacité énergétique et de la gestion des ressources naturelles ainsi qu’une réduction de la perte de biodiversité et des services écosystémiques ».
Répercussions sur les jeunes
Les consommateurs choisissent comment ils dépenseront leur argent. Ces choix peuvent influencer les comportements sociaux et commerciaux des entreprises, y compris leurs pratiques environnementales. Les jeunes jouent un rôle clé dans la sensibilisation, le soutien et l’adoption de pratiques respectueuses de l’environnement. De plus, ils exigent de savoir pourquoi l’adoption à grande échelle des technologies vertes semble se faire au ralenti.
Le Musée de la Banque du Canada a rassemblé quelques ressources et éléments d’introduction pour explorer l’économie verte en classe. Jetez un coup d’œil aux concepts et aux ressources suivants, et laissez-nous vous aider à amorcer la conversation.
Un modèle de développement durable
Une approche courante de la durabilité tient compte de l’environnement, de la société, de la culture et de l’économie. La planète prend soin des plantes pollinisatrices, purifie l’air et stocke le carbone de façon naturelle. Comme ces « services » écologiques sont nécessaires à la survie humaine, les économistes commencent à quantifier la contribution de la nature à l’économie, ce qu’ils appellent le capital naturel.
Lancez la conversation
Demandez à vos élèves d’examiner chaque élément d’abord (économie, société, environnement), puis de chercher les interrelations :
- Créez un diagramme de Venn avec des cercles superposés, un pour chaque élément. Faites un remue-méninges sur les caractéristiques communes aux trois.
- De quels facteurs liés à l’environnement, à l’économie et à la main-d’œuvre tenez-vous compte lorsque vous faites des achats?
Explorez la notion de capital naturel :
- Quels services écologiques de la planète sont importants pour l’économie de votre région en particulier?
- A-t-on essayé de leur donner une valeur monétaire? Effectuez des recherches en ligne.
Pour en savoir plus au sujet des externalités
Les externalités sont des avantages ou des coûts découlant de la production ou de l’utilisation d’un bien qui ne sont pas pris en compte dans le prix de ce bien. Une externalité ne touche pas seulement le producteur et le consommateur du bien. Elle peut être positive ou négative. Par exemple, dans de nombreuses industries manufacturières, l’externalité négative la plus courante est la pollution.
D’un point de vue économique, les changements climatiques sont une externalité négative. Les individus et les entreprises qui se livrent à des activités émettrices de gaz à effet de serre imposent un coût à tout le monde en contribuant au réchauffement de la planète. L’établissement d’un prix pour le carbone oblige les pollueurs à assumer ce coût social global. »
Tim Lane, sous-governeur
Si les propriétaires d’usine n’ont pas à payer le coût pour la société de la pollution qu’ils créent, ils n’auront pas besoin d’augmenter leurs prix. Néanmoins, les consommateurs continuent de payer le coût de la pollution. Par exemple, des écodroits sont ajoutés au prix des nouveaux appareils électroniques pour tenter de tenir compte de leur coût de recyclage ou de leur élimination adéquate.
Les initiatives d’économie verte, comme taxation de la pollution, visent à corriger les externalités négatives. De plus, les projets qui tiennent compte de l’économie verte pourraient aller au-delà de la simple réduction de la pollution. Ils pourraient par exemple encourager dès le départ la construction d’espaces axés sur la santé et le bien-être, notamment en augmentant la biodiversité ou en favorisant les modes de transport plus actifs comme le vélo et la marche. Il s’agirait d’externalités positives.
Visionnez la vidéo ci-dessous et utilisez le guide de discussion qui l’accompagne pour encourager vos élèves à examiner les externalités sous l’angle de l’économie verte.
- Dans quels types d’externalités positives ou négatives l’économie verte peut-elle jouer un rôle?
- Quels coûts sont comptabilisés dans les produits actuels pour tenir compte des externalités?
Mécanismes de taxation, de plafonnement et d’échange des émissions
Les économistes sont fascinés par les mesures incitatives et dissuasives. Une dimension importante des discussions sur la transition verte concerne la tarification de la pollution, afin d’encourager les particuliers, les entreprises et les États à réduire leur utilisation de combustibles fossiles. Par exemple, les États peuvent tarifer les émissions de gaz à effet de serre au moyen de taxes afin de décourager l’augmentation de la pollution. Ils pourraient aussi plafonner ou limiter les émissions. Un crédit d’impôt ou des subventions pourraient constituer une mesure incitative pour soutenir l’adoption de technologies vertes.
Comment une taxe sur le carbone réduit les émissions
La plupart des combustibles fossiles riches en carbone sont taxés en fonction de la quantité de gaz à effet de serre (GES) qu’ils émettent. Le coût supplémentaire associé à la taxe se transmet à tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement. Donc, si un groupe (industrie) est taxé et qu’un autre ne l’est pas (propriétaires de logement), tout le monde est quand même touché par la taxe.
La taxation de la plupart des émissions passe par une augmentation des prix des combustibles à l’échelle d’une région.
Dans la plupart des cas, les gouvernements utilisent les revenus des taxes sur le carbone pour offrir des allégements fiscaux aux particuliers, ou encore aux entreprises pour soutenir la main-d’œuvre et les investissements. Les taxes perçues peuvent être utilisées pour stimuler d’autres parties de l’économie.
Ainsi, pour éviter les prix plus élevés des combustibles fossiles, les consommateurs se tourneront vers d’autres solutions abordables et plus écoénergétiques, ce qui réduira leurs émissions de carbone.
Idéalement, les prix plus élevés des combustibles fossiles, combinés à la demande en hausse pour des solutions de remplacement, devraient encourager l’innovation. Ensuite, la production de technologies à faibles émissions et de sources d’énergie renouvelable deviendra plus concurrentielle.
Les gros émetteurs industriels de GES reverront leurs pratiques. Ils investiront dans des technologies comme le captage et le stockage du carbone pour contribuer à réduire leurs émissions.
Les émissions seront ainsi réduites à l’échelle du pays.
Comment un système de plafonnement et d’échange réduit les émissions
Le gouvernement provincial crée un marché d’échange de droits d’émission en faisant des réductions des gaz à effet de serre (GES) un produit de base. Il détermine les secteurs à réglementer et établit un plafond (une limite) global annuel de GES pouvant être émis par chaque industrie. Il fixe aussi le prix le plus bas (plancher) et le plus haut (plafond) à payer pour avoir le droit d’émettre une tonne de GES.
Certaines industries (pâtes et papier, acier, ciment, etc.) sont exposées à une rude concurrence internationale et ne sont pas en mesure de transférer le coût des émissions aux consommateurs locaux. Elles reçoivent souvent des droits d’émission gratuitement.
Le gouvernement perçoit des revenus en octroyant les droits restants lors de ventes aux enchères tenues tout au long de l’année. Les entreprises achètent le nombre minimal d’unités dont elles ont besoin pour couvrir leurs émissions annuelles.
Les entreprises dont les émissions dépassent le plafond tentent de les abaisser de la manière la moins coûteuse possible. Certaines réduisent leurs émissions, ce qui leur permet de conserver leurs droits pour plus tard ou de les vendre à des entreprises qui excèdent le plafond.
Les entreprises de secteurs où il n’y a pas de plafond peuvent générer des « crédits compensatoires » – un type de droits d’émission de moindre valeur. Elles reçoivent des crédits compensatoires en abaissant leurs émissions ou en réalisant d’autres projets de réduction des émissions, et peuvent les vendre à des entreprises de secteurs ayant un plafond. Cela élargit la portée du programme de plafonnement et d’échange, et favorise l’atteinte de l’objectif global de réduction des émissions.
Le plafond est fixé à un niveau inférieur aux émissions actuelles de nombreuses entreprises, ce qui signifie que la quantité d’émissions doit baisser d’un nombre prédéfini de tonnes. Les entreprises dont les émissions dépassent le plafond se verront imposer des amendes et d’autres sanctions. La nécessité de respecter certains niveaux d’émissions incite les secteurs à investir dans la recherche pour trouver des technologies ou des énergies novatrices plus propres.
À la fin de l’année, les entreprises soumises à la réglementation présentent un rapport d’émissions vérifié, et remettent les droits et crédits compensatoires nécessaires pour couvrir leurs émissions.
Une plus grande inclusion des entreprises et des marchés du carbone atténue la volatilité des prix du carbone. Une fois que le programme d’échange est établi et stable dans une région, son marché du carbone peut être lié aux autres.
Les émissions sont ainsi réduites à l’échelle de l’économie. Au fil des ans, le gouvernement diminue graduellement le plafond global des émissions, émet de moins en moins de droits et relève lentement le prix minimum (plancher) des droits.
Découvrir ce qu’apportent un système de plafonnement et d’échange et la taxation des émissions de carbone à l’aide de l’illustration ci-dessus.
- Demandez à vos élèves d’examiner les différentes étapes du processus et de dresser leur propre liste d’avantages et d’inconvénients pour l’une des solutions.
- Discutez par la suite avec les élèves du contenu de leurs listes en petits groupes, puis avec l’ensemble de la classe. Quelle approche adopteraient-ils?
Analyse des voies vers une transition énergétique
Les exportations d’énergie et de ressources naturelles représentent une part importante de l’économie canadienne. Une économie verte délaisserait l’exploitation et l’exportation de certains combustibles fossiles. Des énergies de transition comme le gaz naturel sont utilisées pour remplacer le charbon, tandis que les réseaux électriques sont modernisés pour favoriser l’utilisation généralisée de véhicules électriques.
La Régie de l’énergie du Canada a élaboré une série d’outils de visualisation des données pour comparer les scénarios énergétiques à mesure que les politiques changent. Avec « Explorer l’avenir énergétique du Canada », il est possible de choisir différents échéanciers et scénarios pour comparer un avenir à faibles émissions de carbone et un avenir à fortes émissions de carbone.
Explorez ces infographies avec vos élèves pour voir comment la réduction des émissions influence le type d’énergie produite et consommée.
- Quels types d’emplois pourraient devenir plus courants?
- Quels territoires, provinces ou régions verraient le plus de changements? Comment votre région se compare-t-elle aux autres dans les projections au fil du temps?
- Pourquoi pensez-vous que c’est le cas?
- Faites des recherches sur les politiques énergétiques de votre région et comparez-les aux cibles nationales pour avoir une meilleure idée des différences.
- Examiner la courbe d’adoption d’une technologie verte, comme les panneaux solaires, afin de mieux comprendre les coûts pour les premiers utilisateurs et le passage à une adoption généralisée.
Mesurer le risque climatique (c’est une affaire de gros sous…)
La Banque du Canada évalue les risques pour l’économie canadienne afin de prévoir les défis à venir. Les économistes de la Banque ont créé quelques scénarios qui examinent les risques climatiques en particulier.
Les changements climatiques présentent deux types de risques pour l’économie :
- Risques physiques : Les conditions météorologiques et les températures extrêmes peuvent causer des dommages importants aux bâtiments, ainsi qu’aux routes et aux autres infrastructures.
- Risques liés à la transition : La transition vers une économie sobre en carbone entraînera d’importants ajustements en matière de main-d’œuvre, d’équipements et de technologies.
Quel est le coût des changements climatiques? L’Agence internationale de l’énergie estime que la transition vers la carboneutralité en matière d’émissions de gaz à effet de serre – c’est-à-dire le passage d’une économie ou de sources d’énergie reposant sur les combustibles fossiles les plus répandus à une énergie et une croissance plus propres – coûtera aux États et aux entreprises du monde entier des billions de dollars par année d’ici 2050.
Cependant, le coût de l’inaction serait beaucoup plus élevé. Bien que les répercussions des risques physiques soient incertaines, la plupart des études prévoient une perte de plus de 5 % du PIB mondial avec un réchauffement planétaire moyen de 4 degrés. Cette augmentation de la température dépasse de loin notre objectif actuel de 1,5 degré de réchauffement d’ici la fin du siècle pour réduire le risque que les changements climatiques deviennent irréversibles. Ces modèles climatiques et économiques montrent comment les changements climatiques et les changements économiques sont reliés.
À mesure que le risque associé aux changements climatiques devient évident pour les systèmes financiers, les compagnies d’assurance augmentent leurs primes en réponse à la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les inondations et les incendies de forêt. Certaines banques et sociétés peuvent également se retirer de secteurs à forts rejets carbonés qui pourraient faire face à des coûts de transition élevés ou devenir obsolètes.
L’importante taille de l’industrie pétrolière et gazière du Canada signifie que le pays est plus exposé que d’autres à une transition énergétique. Il est donc probable que le PIB du Canada diminuerait si la demande mondiale de pétrole baissait. Des changements majeurs de notre économie devront être envisagés. Les investissements dans l’énergie, les technologies et les nouvelles filières vertes créeront de nouveaux emplois et stimuleront la croissance.
Dressez une carte conceptuelle pour réfléchir aux différents risques associés aux changements climatiques pour le secteur financier.
- Comment les répercussions des changements climatiques pourraient-elles vous toucher, en tant que consommateur et en tant que personne, ainsi que la société qui vous entoure?
- Pensons aux récents phénomènes météorologiques extrêmes qu’ont provoqués les changements climatiques. Quelles sont leurs répercussions sur le secteur financier et sur votre vie quotidienne?
Objectifs mondiaux
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies comprend 17 objectifs de développement durable (communément appelés les ODD ou objectifs mondiaux). Les objectifs mondiaux fournissent un excellent cadre pour comprendre le concept de durabilité et la manière dont les actions positives dans un domaine peuvent avoir des effets sur d’autres domaines. Bon nombre des objectifs mondiaux sont directement liés à l’économie verte, ou aux externalités positives qui découlent de la transition.
Dans le cadre de l’engagement de notre pays à travailler à l’atteinte de tous les objectifs mondiaux, Statistique Canada et d’autres ministères et organismes gouvernementaux surveillent les indicateurs dans de nombreux domaines.
Les objectifs mondiaux peuvent aider les élèves à participer à une cause mondiale et à voir leurs propres actions dans un cadre plus large. Passez en revue les données canadiennes à partir du portail de données des objectifs de développement durable sur le site Web de Statistique Canada.
- Quels indicateurs le Canada suit-il en ce qui concerne l’économie et l’énergie vertes?
- Choisissez un objectif mondial et trouvez une mesure pour l’atteindre, comme l’énergie solaire ou le reboisement. Demandez aux élèves de discuter de l’incidence de leurs actions sur l’économie verte à l’échelle mondiale.
- Formez des équipes de deux élèves et demandez-leur de réfléchir à différentes façons dont ils pourraient mesurer leurs progrès vers l’atteinte d’objectifs écologiques au sein de leur école ou de leur collectivité.
Financement vert
Comme tout autre programme ou service, les projets écologiques ont souvent besoin de financement de démarrage ou de soutien. De plus, un marché obligataire et un marché boursier écologiques extrêmement populaires ont été créés. Encouragés par la chute des coûts des énergies renouvelables, des entreprises d’investissement, des investisseurs individuels et des fonds de pension augmentent leur soutien aux projets qui tiennent compte de l’environnement.
Regardez la vidéo ci-dessous pour en savoir plus sur le rôle du financement vert et sur son lien avec les États et leurs banques centrales.
En classe, demandez des exemples d’entreprises que vos élèves considéreraient comme vertes ou écologiques.
- Pourquoi pensez-vous que ces entreprises sont vertes? Qu’ont-elles en commun?
- Quelles sont les répercussions de la production et de la consommation de leurs biens sur l’environnement?
- Demandez aux élèves de faire des recherches sur les déclarations des entreprises au sujet de la durabilité et des objectifs mondiaux, et sur les mesures qu’elles ont prises. Demandez-leur de réfléchir au concept de « blanchiment écologique », c’est-à-dire des mesures visant à faire paraître une entreprise plus écologique qu’elle ne l’est en réalité. Peuvent-ils repérer des déclarations environnementales et de la publicité douteuses?
Demandez à vos élèves de créer leur propre panier imaginaire d’actions émises par des entreprises qui, à leurs yeux, soutiennent une économie verte.
- Pourquoi ont-ils choisi ces entreprises dans lesquelles investir plutôt que d’autres?
Conclusion
Le virage vert décrit une série de mesures et de décisions qui ne sont pas toujours comprises par tous. Cette transition est particulièrement intéressante pour les jeunes d’aujourd’hui qui sont touchés par les choix des générations passées. Bien que l’économie verte soit complexe, tout est lié à la nature. Les choix quotidiens que nous faisons pour soutenir les initiatives locales et écologiques peuvent aussi jouer un rôle.
Il est essentiel que l’environnement soit protégé pour les générations à venir. Après tout, les gens font l’économie, et il nous revient d’en façonner l’avenir.
Le Blogue du Musée
Traités, argent et art
La collection du Musée de la Banque du Canada s’est enrichie d’une œuvre d’art de Frank Shebageget intitulée Free Ride. Mais pourquoi un musée consacré à l’économie ferait-il l’acquisition d’œuvres d’art?
Le rai : une monnaie de taille
On dit qu’un objet a une valeur culturelle lorsqu’il est étroitement associé à l’histoire, aux personnes, aux croyances ou aux rituels qui ont de l’importance au sein d’une société. Il en va de même pour un rai. Sa valeur peut augmenter en fonction de la personne qui a autorisé sa fabrication, de celle qui l’a taillé et de ces anciens propriétaires.
Leçons de la Grande Dépression
Ce qu’a permis le krach boursier de 1929, c’est de révéler crûment les faiblesses des systèmes économiques issus du capitalisme débridé de la fin du 19e siècle.