La hausse de l’inflation est partout dans les médias. Mais comment aider les jeunes à comprendre l’inflation et son influence dans leur vie?
La COVID‑19 a eu un effet sans précédent sur l’économie : fermeture d’entreprises, ralentissement de la demande de services en personne et nombreuses ruptures d’approvisionnement. Tandis qu’on parle beaucoup de l’inflation et des raisons qui expliquent son niveau élevé dans l’actualité et la culture populaire, le moment est bien choisi pour expliquer ce concept économique clé à vos élèves du secondaire.
Les rudiments
Cette vidéo et l’article qui l’accompagne sont d’excellentes ressources pour comprendre les rudiments de l’inflation. Vous pouvez poursuivre avec ce guide de discussion et ces documents explicatifs de la Banque du Canada concernant l’inflation et le ciblage de l’inflation.
Engager la conversation
Explorez certaines de ces questions avec vos élèves :
- Est-ce que l’inflation est une bonne ou une mauvaise chose? Pourquoi?
- De quelles façons votre vie a-t-elle été touchée par l’inflation?
- Est-ce que vous ou votre famille avez rencontré des difficultés à vous procurer certains biens et services?
- Pour quels articles avez-vous remarqué une hausse de prix?
- Avez-vous modifié vos habitudes de consommation durant la pandémie?
- Quelles personnes pourraient être les plus touchées par l’inflation? Pourquoi?
- Avez-vous remarqué d’autres effets de la COVID-19 sur l’économie?
Pourquoi l’inflation est-elle élevée à l’heure actuelle?
En ce début de 2022, le taux d’inflation a atteint son sommet le plus élevé en plus de dix ans. Pour comprendre la raison de cette hausse, il faut premièrement que vos élèves se familiarisent avec l’indice des prix à la consommation (IPC). Chaque mois, Statistique Canada compile les prix de détail d’une sélection de biens et de services pour calculer cet indice. Il faut toutefois savoir que l’IPC est utilisé pour mesurer l’inflation sur une base annuelle plutôt que mensuelle. En d’autres mots, le taux d’inflation actuel correspond à la variation des prix par rapport au même mois l’an passé. Au début de 2021, alors que de nombreuses régions du Canada étaient en confinement, les prix de plusieurs articles du panier de l’IPC étaient moins élevés qu’à l’habitude. Un an plus tard, ces prix ont remonté. Il est donc normal de constater une hausse du taux d’inflation.
La pandémie a changé les habitudes des consommateurs. On a constaté une baisse de la demande de services, en particulier du côté des voyages, des spectacles et des restaurants. Comme les consommateurs ne dépensaient plus pour ces services, ils se sont mis à dépenser davantage pour des biens.
Puis, à l’échelle du pays, les restrictions imposées aux entreprises ont été levées pendant la deuxième moitié de 2021. Chez nous, comme dans beaucoup d’autres pays, la réouverture de l’économie a entraîné une reprise rapide de la demande. De pair avec d’autres facteurs propres à la pandémie, ceci a contribué à la congestion de l’approvisionnement à l’échelle mondiale. Résultat : une hausse de l’inflation plus persistante que prévu. Les Canadiens qui ont économisé en 2020 et en 2021 dépensent davantage maintenant. De plus, la demande dans l’ensemble de l’économie est en augmentation du fait que beaucoup de gens reprennent graduellement leurs anciennes habitudes de travail, de voyage et de loisirs. Le comportement des consommateurs a une influence sur les prix et l’inflation.
Le rôle important des chaînes d’approvisionnement
Les chaînes d’approvisionnement assurent le lien entre les entreprises, les fournisseurs et les fabricants – depuis l’extraction des matières premières et la fabrication jusqu’à l’arrivée des produits en magasin. Ces chaînes font souvent le tour du globe. Et en ce moment, bon nombre n’arrivent pas à suivre la forte demande.
Plusieurs facteurs ont perturbé les chaînes d’approvisionnement durant la pandémie de COVID-19. Les restrictions aux frontières et relatives aux voyages à l’échelle mondiale ont freiné la circulation des marchandises. Les mesures sanitaires ont ralenti la production manufacturière et la livraison des biens. De plus, à la fin de 2021, les inondations en Colombie-Britannique ont compliqué davantage le transit dans le port de Vancouver.
La pénurie mondiale de puces à semi-conducteur est un bon exemple à donner à vos élèves. Cette pénurie est attribuable à de nombreux facteurs : confinements liés à la COVID‑19, restrictions commerciales et phénomènes météorologiques extrêmes. On retrouve les puces à semi-conducteur dans les voitures, les téléphones et à peu près tout ce qui est électronique. Vos élèves ont peut-être entendu dire qu’il est plus difficile de se procurer un nouveau téléphone ou une console de jeu en raison de cette pénurie. Bref, comme on trouve ces puces dans beaucoup de nos appareils préférés, cet exemple illustre bien l’impact des chaînes d’approvisionnement mondiales sur nos vies.
Le prix des aliments est un autre bon exemple. Quand vous remarquez une hausse du prix de la viande à l’épicerie, vous constatez en fait les effets des perturbations des chaînes d’approvisionnement. C’est parce que la nourriture pour le bétail coûte plus cher en raison des conditions météorologiques dans l’Ouest canadien et parce que la production est plus lente compte tenu des difficultés d’approvisionnement et des mesures sanitaires visant à protéger les travailleurs. De plus, le coût de l’énergie pour la transformation des aliments est plus élevé. Tous les coûts que cela amène sont ensuite reflétés dans les prix à l’épicerie.
L’incidence sur les jeunes
Les prix ont augmenté pour une panoplie de choses, notamment l’énergie (incluant l’essence), l’entretien d’une maison, l’épicerie (en particulier, la viande, les céréales, les aliments préparés et les collations comme les croustilles) et le transport.
L’inflation n’a toutefois pas les mêmes conséquences pour tout le monde. Par exemple, si vous ne conduisez pas ou ne mangez pas de viande, vos dépenses de transport et d’épicerie seront peut-être moins élevées que celles de votre voisin. Pour sa part, un élève remarquera peut-être qu’il lui coûte plus cher de faire le plein d’essence ou de manger au restaurant, mais ne remarquera pas nécessairement les coûts plus élevés du chauffage ou du logement. Il se peut qu’il ait épargné en vue d’un achat important, mais que le coût de cet objet ait bondi ou même que cet objet ne se trouve plus en magasin. De plus, s’il économise pour ses études universitaires, il devra peut-être songer aux coûts futurs de son logement, son épicerie et ses factures.
Demandez à vos élèves de calculer leur taux d’inflation personnel à l’aide du calculateur de Statistique Canada.
Quelles sont les prochaines étapes?
Selon sa prévision de janvier 2022, la Banque du Canada s’attend à ce que l’inflation demeure élevée au début de 2022 et qu’elle diminue aux alentours de 3 % d’ici la fin de l’année. En 2023, le taux d’inflation devrait se rapprocher davantage de la cible de 2 % de la Banque et rester dans la fourchette de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 %. Les facteurs qui font grimper l’inflation, comme les problèmes d’approvisionnement, sont pour la plupart rattachés à la pandémie. Cependant, les restrictions relatives aux voyages et à la santé publique devraient être assouplies, l’économie canadienne est en expansion et le marché de l’emploi est vigoureux. La Banque continuera d’avoir recours à ses outils de politique monétaire afin d’aider à ramener progressivement le taux d’inflation vers sa cible de 2 %.
Le taux directeur est l’un des principaux outils de la Banque pour maîtriser l’inflation. Si l’économie est en difficulté, comme c’était le cas en 2020 quand la pandémie a frappé, elle peut baisser ce taux afin d’encourager les dépenses et de stimuler l’économie. En fait, c’est exactement pour cette raison qu’elle a maintenu son taux directeur le plus bas possible durant la pandémie. Mais si la croissance de l’économie est trop rapide, comme à l’heure actuelle, la Banque pourrait augmenter le taux directeur pour encourager les gens à épargner et ralentir cette croissance.
L’assouplissement quantitatif est un autre outil de la Banque du Canada. Lorsque le taux directeur est déjà à son plus bas, cet outil peut faire descendre encore les taux d’intérêt. Quand une banque centrale a recours à l’assouplissement quantitatif, elle achète des obligations du gouvernement pour en faire monter le prix et baisser le rendement, soit les intérêts que touchent les détenteurs. Le rendement des obligations du gouvernement a beaucoup d’influence sur les taux d’emprunt : plus il est bas, plus les prêts sont abordables. Bref, l’assouplissement quantitatif encourage les ménages et les entreprises à emprunter, à dépenser et à investir. Dès que la reprise économique a été sur des bases solides à l’automne 2021, la Banque a cessé d’employer cet outil.
Parlons ressources
Voici quelques ressources du Musée de la Banque du Canada, de la Banque du Canada et d’autres sources fiables pour vous aider et aider vos élèves à en apprendre davantage sur l’inflation.
Le plan de leçon Combien ça coûte? L’inflation au Canada s’adresse aux élèves de la 10e à la 12e année et de la 4e année du secondaire au cégep qui suivent des cours en économie et en commerce. On y explique les notions fondamentales de l’inflation et de l’IPC, en plus d’amener les élèves à créer leur propre indice pour mesurer les prix qui ont le plus d’influence dans leur vie.
Vous avez d’autres questions? Consultez les documents explicatifs de la Banque du Canada, dont celui sur le fonctionnement de la politique monétaire.
Le Portail de l’indice des prix à la consommation de Statistique Canada déborde de renseignements. Vous y trouverez entre autres des ensembles de données, des infographies et un excellent outil de visualisation de données. Le site présente également une courte vidéo explicative sur l’IPC.
Cette caricature politique intitulée « Tout est à la hausse » de Normand Hudon a été publiée en 1962. Demandez à vos élèves de l’examiner attentivement et posez-leur des questions :
- Quels sont les symboles et les idées que vous percevez dans cette caricature?
- Pourquoi le caricaturiste a-t-il choisi de dessiner un camion de lait?
- Y a-t-il d’autres éléments qui retiennent votre attention?
- Si cette caricature politique était publiée aujourd’hui, aurait-elle la même signification? Est-ce qu’elle reflète notre expérience de l’inflation aujourd’hui?
Demandez à vos élèves de chercher dans les journaux canadiens pour y trouver des caricatures politiques récentes sur l’inflation et de les comparer avec celle-ci.
Le Blogue du Musée
Traités, argent et art
La collection du Musée de la Banque du Canada s’est enrichie d’une œuvre d’art de Frank Shebageget intitulée Free Ride. Mais pourquoi un musée consacré à l’économie ferait-il l’acquisition d’œuvres d’art?
Le rai : une monnaie de taille
On dit qu’un objet a une valeur culturelle lorsqu’il est étroitement associé à l’histoire, aux personnes, aux croyances ou aux rituels qui ont de l’importance au sein d’une société. Il en va de même pour un rai. Sa valeur peut augmenter en fonction de la personne qui a autorisé sa fabrication, de celle qui l’a taillé et de ces anciens propriétaires.
Leçons de la Grande Dépression
Ce qu’a permis le krach boursier de 1929, c’est de révéler crûment les faiblesses des systèmes économiques issus du capitalisme débridé de la fin du 19e siècle.