Les billets de la Banque du Canada sont dans nos portefeuilles depuis près de 90 ans. La première série a été conçue pour inspirer la confiance dans un avenir prometteur.
Des billets de banque à l’ère de la reprise économique
De 1929 à 1934, le Canada est plongé dans la Grande Dépression. La demande de produits canadiens est en chute libre, tandis que le taux de chômage atteint des sommets stupéfiants. Durant ce temps, le gouvernement du premier ministre de l’époque, Richard Bedford Bennett, adopte la Loi sur la Banque du Canada, ouvrant ainsi la voie à la création de la banque centrale. Parmi les nombreuses responsabilités qui sont confiées à la Banque, mentionnons celle de seule émettrice des billets de banque canadiens. La première série, mise en circulation le 11 mars 1935, nous en dit beaucoup sur la société canadienne et l’identité du pays à ce moment-là. Les billets montrent également le rôle de la nouvelle banque centrale dans la reprise économique du Canada.
Concevoir de nouveaux billets de banque canadiens
À la suite d’un appel d’offres du gouvernement pour la conception de ses nouveaux billets de banque en juillet 1934, deux imprimeurs présentent des propositions : la British American Bank Note Company (BABN) et la Compagnie canadienne des billets de banque (CCBB), qui travaillait de près avec sa société mère, l’American Bank Note Company. Le ministre des Finances décide de retenir les services des deux entreprises, octroyant un contrat à la CCBB pour la conception et la production des billets de 1, 20, 50, 100, 500 et 1 000 dollars, et un contrat à la BABN pour les billets de 2, 5 et 10 dollars.
La série de billets de 1935 est dotée de plusieurs caractéristiques distinctives. C’est la seule série de billets de la Banque du Canada pour laquelle :
- des billets sont imprimés séparément en anglais et en français
- un billet de 25 dollars est mis en circulation
La Banque a choisi la coupure distinctive de 25 dollars pour un billet commémoratif afin de souligner le 25e anniversaire du couronnement du roi George V. Les portraits sur les billets de cette série représentent des membres de la famille royale et deux premiers ministres canadiens. Pour la conception du verso des billets, la CCBB et la BABN ont rassemblé des images tirées de catalogues génériques remplis de vignettes gravées et d’autres éléments graphiques. Bien que les deux imprimeurs aient dirigé le processus de conception, l’approbation finale du concept des billets a été donnée par le ministre des Finances, un sous-ministre ou le gouverneur de la Banque de l’époque, Graham Towers.
Anatomie d’un billet de banque
L’apparence d’un billet de banque est essentielle pour établir la confiance entre l’émetteur et l’utilisateur. Pour qu’un billet fonctionne comme prévu, il doit ressembler à un billet de banque. Tous s’attendent à ce que les éléments suivants figurent sur leurs billets de banque :
- un portrait
- une indication claire de la coupure, représentée dans un « motif de chiffre »
- le nom de l’émetteur
- une image reconnaissable
Par conséquent, chacun de ces éléments a été soigneusement étudié durant le processus de conception des billets de 1935 de la Banque du Canada. Bien que les vignettes représentent des sujets modernes – par exemple, des inventions modernes sur le billet de 50 dollars – ces sujets sont illustrés par des figures allégoriques classiques vêtues de robes grecques ou romaines.
Iconographie et identité canadienne
Le fait que huit des dix portraits sur les billets de banque représentent des membres de la famille royale témoigne des liens du Canada avec l’Empire britannique. Cependant, les versos des vignettes mettent en vedette les ressources naturelles et les industries du pays. Ils montrent le Canada et son économie comme un lieu d’innovation et d’avancées technologiques. Les sujets au verso des vignettes donnent du Canada l’image d’une économie industrielle moderne, bien positionnée pour se remettre de la Grande Dépression – une reprise qui sera menée par la nouvelle banque centrale du pays. En incluant des images liées à l’industrie, à l’innovation et aux ressources naturelles, la banque centrale signale que le Canada possède les compétences et les atouts nécessaires pour une reprise solide.
Images représentant l’industrie
Que peuvent nous dire ces images à propos de l’économie et de la culture du Canada dans les années 1930 exactement? À cette époque, les produits de la ferme représentaient jusqu’à 48 % des exportations canadiennes. Il est donc naturel que quatre des dix billets renvoient à l’agriculture et soient ornés d’images de produits maraîchers, de grains, d’arbres fruitiers et d’outils agricoles.
Toutefois, la Dépression frappe durement les industries. L’effondrement des échanges internationaux combiné à des années successives de mauvaises récoltes causées par la sécheresse, la grêle et les insectes nuisibles nuisent gravement aux provinces productrices de céréales des Prairies au début des années 1930. Dans ce contexte, l’allégorie de la fertilité au verso du billet de 500 dollars représente un regard tourné vers l’avenir, et peut-être même un peu d’espoir.
Une industrie agricole saine est essentielle à la reprise économique du Canada. Le premier ministre Bennett crée donc la Commission canadienne du blé en 1935 pour stabiliser le prix des produits de base et réglementer la qualité. L’organisme devient le principal acheteur et vendeur de blé et d’orge canadiens. L’allégorie représentant un test du grain qui figure sur le billet de 20 dollars montre un homme qui présente un boisseau de grain à une figure assise. Coïncidence ou non, l’image fait subtilement référence à ce développement clé de l’industrie.
Les images sur les billets de banque représentent non seulement les industries canadiennes elles-mêmes, mais également le rôle joué par la population dans l’économie. Les vignettes représentant l’électricité (sur le billet de 5 dollars) et le commerce et l’industrie (sur le billet de 100 dollars) superposent des figures allégoriques masculines et deux paysages : un naturel et un industriel respectivement. Malgré leur contexte différent, la composition de ces images envoie un message similaire : que les humains (ou du moins, les hommes) exercent leur contrôle sur leur monde. Les images mettent l’accent sur le rôle de l’individu et du dur labeur pour la reprise économique du Canada.
La vignette choisie pour le billet de 1 000 dollars, la sécurité, fait plus explicitement référence au rôle de la Banque du Canada à titre de nouvelle banque centrale du pays. En plus d’émettre des billets de banque et d’exercer d’autres fonctions, la Banque sert aussi de prêteur de dernier ressort. Elle est responsable de veiller à ce que le système financier fonctionne harmonieusement. Ce thème est choisi pour le billet de 1 000 dollars, une coupure habituellement utilisée au moment de régler des comptes entre deux banques. Un modèle précédent du billet de 1 000 dollars créé par la CCBB, mais abandonné, représentait une allégorie du bois d’œuvre et était mieux aligné sur les thèmes des autres billets.
Les billets de banque : une partie de notre culture visuelle
Des images de l’industrie sont présentes ailleurs dans la culture artistique et visuelle des années 1930 au Canada, que ce soit dans des murales, des sculptures ou des monuments. D’ailleurs, la façade du siège de la Banque du Canada comprend des sculptures de bronze montrant des représentations allégoriques d’industries canadiennes, tout comme la série de billets de 1935. Ensemble, ces images sont le reflet de l’identité culturelle canadienne à un moment difficile de l’histoire du pays.
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