La ville-musée de la ruée vers l’or en Colombie-Britannique
Été 1862. William Barker, dit Billy, trouve de l’or dans la forêt du plateau Cariboo, dans une région reculée du centre de la Colombie-Britannique. Sa découverte donnera lieu à la fondation de la ville de Barkerville.
Avant la construction de la route Cariboo, il était extrêmement difficile et coûteux de se rendre à Barkerville. (Wikimedia : Wyld and Good, 1873, Bibliothèque et Archives Canada)
Le goût de l’aventure animant son cœur anglais, Billy Barker voyage de l’Angleterre à la Californie au milieu du XIXe siècle. En quête de richesses, il arrive à San Francisco juste à temps pour être témoin de la fin de la ruée vers l’or en Californie. Il entend cependant peu après des rumeurs selon lesquelles de l’or aurait été découvert très loin au nord, dans les terres intérieures de la Colombie-Britannique. Barker et, entre autres, son comparse Wilhelm Dietz, alias Dutch Bill, se rendent à la vallée du fleuve Fraser dans le district de Cariboo (oui, c’est bien ainsi que ça s’écrit), où Dutch Bill trouve effectivement de l’or. Le coup de chance de Dutch Bill encourage Barker à poursuivre sa prospection en aval de la concession de Dietz. Il fouille plusieurs concessions du secteur jusqu’à ce qu’il découvre enfin de l’or près de Stout’s Gulch en août 1862. Il trouve 60 onces d’or à une profondeur de 50 pieds. Sa concession s’avère être la plus riche de la région : Barker y extrait plus de 37 000 onces d’or. Malgré sa bonne fortune, il mourra sans le sou à Victoria en 1894 – un sort fréquent dans cette région tant pour les mineurs ayant fait fortune que pour les autres.
Au plus fort de la ruée vers l’or dans la région de Cariboo, Barkerville est la plus grande ville à l’ouest de Chicago et au nord de San Francisco. Elle compte plusieurs magasins généraux, des forges, des écoles, des églises, des maisons closes, des salons de barbier, un dentiste et même une société littéraire. Elle est le centre de la région. Cependant, en 1868, un incendie détruit presque toute la ville. Elle est rapidement reconstruite, mais la ruée vers l’or ralentissait déjà à cette époque. Dans les années 1930 et 1940, Barkerville vit une dernière et brève ruée, mais ce sera le sursaut final de son économie minière. Elle avait alors déjà été désignée comme un lieu historique national du Canada.
La ville de Barkerville a brûlé en 1868; seuls quatre bâtiments et le coffre-fort de la Banque de la Colombie-Britannique ont résisté à l’incendie. (Wikimedia, Frederick Dally)
De nos jours, Barkerville est de nouveau une destination attirant des gens de partout dans le monde. Mais ils ne viennent pas chercher de l’or. En tant que bien à valeur patrimoniale appartenant à la province de la Colombie-Britannique, Barkerville accueille chaque année plus de 50 000 visiteurs, tous enthousiastes de revivre son passé glorieux. En se promenant dans la ville, on peut rencontrer Billy Barker, visiter l’école anglaise ou chinoise, assister à des démonstrations de forgeage ou essayer de trouver de l’or.

La rue principale. La ville a fait peau neuve pour devenir un parc historique en 1958 à l’occasion du centenaire de la Colombie-Britannique.
Barkerville est le plus grand site patrimonial de l’ouest de l’Amérique du Nord : il réunit 100 bâtiments historiques et 21 répliques. Parmi ces infrastructures, on compte une roue à eau de Cornouailles, c’est-à-dire une machine permettant de pomper l’eau servant à laver le gravier pour en extraire l’or, une école chinoise, où l’on peut apprendre à utiliser un boulier, et un salon de barbier, dont l’affiche promet la repousse miracle des cheveux perdus. Il semble que plus ça change, plus c’est pareil.
Barkerville a aussi marqué l’histoire d’une autre façon : le 1er juillet 1868, elle est la première ville à souligner la fête du Dominion. La Colombie-Britannique n’intégrera la Confédération qu’en 1871, mais ce simple détail n’allait empêcher personne de faire la fête. Les habitants amorcent la journée avec la mise à feu de 21 enclumes en guise de salve de 21 coups d’artillerie. À défaut de vrais canons, les mineurs font détonner des charges de poudre noire (une variante de la poudre à canon) entre deux enclumes pour en projeter une dans les airs. La journée se poursuit avec toutes sortes d’activités, dont un spectacle de théâtre, un grand bal et des feux d’artifice, le tout sous l’œil incrédule des citoyens américains présents qui connaissent encore peu ce nouveau pays qu’est le Canada.
Si vous visitez un jour les magnifiques terres intérieures de la Colombie-Britannique, ne manquez pas de passer par Barkerville et de découvrir cette facette fascinante de l’histoire canadienne. Qui sait, vous trouverez peut-être de l’or.
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